Les Villes Intelligentes : Une Nouvelle Ère Urbaine
Les villes intelligentes, ou « smart cities », offrent une approche novatrice pour répondre aux défis urbains contemporains, combinant technologies avancées et gestion urbaine efficace.
Urbanisation et Gestion des Ressources
Face à une urbanisation croissante, les smart cities exploitent des capteurs et des analyses de données pour optimiser la gestion des ressources.
Dans le contexte d’une urbanisation croissante, les villes intelligentes (smart cities) tirent parti de la technologie pour relever les défis liés à cette expansion rapide.
Elles utilisent des capteurs répartis dans toute la ville pour collecter des données en temps réel sur divers aspects urbains, tels que le trafic, la qualité de l’air, l’utilisation de l’eau et de l’énergie.
Ces données sont ensuite analysées pour optimiser la gestion des ressources, permettant une réponse plus réactive et efficace aux besoins de la ville.
Cela se traduit par une meilleure utilisation des ressources, une réduction du gaspillage et une amélioration globale de la qualité de vie urbaine.
Enjeux Environnementaux
Dans le cadre du changement climatique, les smart cities cherchent à intégrer des solutions durables.
Dans le cadre des enjeux environnementaux liés au changement climatique, les smart cities s’engagent dans l’intégration de solutions durables. Elles visent à réduire l’empreinte écologique des zones urbaines en adoptant des technologies vertes et des pratiques éco-responsables. Cela inclut des initiatives telles que l’augmentation des espaces verts, l’implémentation de systèmes de transport écologiques, et l’utilisation d’énergies renouvelables.
Ces mesures visent non seulement à atténuer les effets du changement climatique, mais aussi à créer un environnement urbain plus sain et plus durable pour les générations futures.
Infrastructure Durable : Un Idéal à Atteindre
Les smart cities aspirent à développer des infrastructures durables et adaptables pour répondre aux défis actuels et futurs. Ces infrastructures visent non seulement à résister aux changements environnementaux et aux crises urbaines, mais aussi à intégrer des technologies évolutives qui permettent une gestion efficace à long terme.
Cela inclut des bâtiments à haute efficacité énergétique, des réseaux de transport intelligents, et des systèmes de gestion des ressources qui s’adaptent aux besoins changeants de la population urbaine.
La Technologie au Cœur des Villes
Qualité de Vie Urbaine
Les smart cities cherchent à améliorer la qualité de vie de leurs habitants en veillant à une distribution équitable des avantages de la technologie urbaine. Elles s’efforcent de garantir que tous les citoyens bénéficient d’un accès aux services améliorés, qu’il s’agisse de la connectivité, de la santé, de l’éducation ou des transports.
Cette approche inclusve vise à réduire les inégalités et à promouvoir une meilleure cohésion sociale, tout en développant des environnements urbains qui répondent aux besoins de tous les segments de la population.

Composants Clés des Smart Cities
- Capteurs : Collectent des données essentielles pour une gestion plus intelligente.
- Supports de Transmission : Assurent une communication rapide et fiable des données.
- Data Centers : Traitent et stockent les données.
- Terminaux Personnels : Permettent une interaction dynamique entre citoyens et services urbains.
- Open Data et Big Data : Favorisent la transparence et l’analyse avancée.
Le Big Data et l’IA : Pilotes de l’Innovation Urbaine
Le big data et l’intelligence artificielle (IA) sont des moteurs essentiels de l’innovation dans les smart cities. Ils permettent de transformer les vastes quantités de données urbaines en solutions pratiques et efficientes.
L’IA utilise ces données pour analyser des tendances, prédire les besoins et optimiser les services, améliorant ainsi la gestion des villes et la qualité de vie des citoyens. Ces technologies jouent un rôle clé dans la modernisation et l’efficacité des infrastructures et services urbains.
L’Internet des Objets (IoT) : Connecter la Ville
L’IoT joue un rôle crucial dans les smart cities, avec des exemples dans des villes comme Dubaï.
Controverse autour du Projet INDECT
Le projet INDECT, financé par l’Union Européenne et mené par plusieurs universités européennes, visait à développer des solutions intelligentes pour la détection automatique de menaces dans les environnements urbains. Il a été conçu pour traiter des flux de données de caméras de surveillance, standardiser la qualité des séquences vidéo et détecter des menaces dans les réseaux informatiques, tout en respectant la protection des données et la vie privée.
Cependant, le projet a suscité une controverse importante. Des médias et d’autres sources ont accusé INDECT d’abus de confidentialité et de collecte de données personnelles, soulevant des préoccupations éthiques et de surveillance de masse. Bien que l’INDECT n’ait pas impliqué le suivi des téléphones portables ou l’interception d’appels, et malgré une revue éthique positive, le projet a été fortement critiqué pour son manque de transparence et son impact potentiel sur les droits fondamentaux.
Le projet INDECT, a soulevé des inquiétudes quant à la confidentialité et la surveillance de masse.
Les 4 grandes limites des smart cities
- Une ville conçue par des acteurs privés
- Un contexte socioculturel souvent négligé
- Un déterminisme technologique
- Le smart washing
Les smart cities sont souvent conçues comme un produit vendu par des promoteurs et de grandes entreprises technologiques. En tant qu’entreprises, elles répondent au schéma de l’offre et de la demande. Par conséquent, au lieu de répondre à des besoins spécifiques de la population, elles proposent souvent une solution « one-size-fits-all » (une solution uniformisée pour plusieurs villes). Ces solutions créent inévitablement une inadéquation entre les solutions technologiques déployées et les besoins réels des habitants.
Chaque ville a son propre contexte historique, politique et culturel qui doit être pris en considération dans la conception des smart cities. Ces facteurs sont rarement suffisamment étudiés, ce qui conduit à une mauvaise adoption des technologies mises en place, et parfois même des échecs de projet très coûteux. Par exemple, une solution de transport qui fonctionne bien dans une ville occidentale peut ne pas être appropriée dans une ville d’Afrique ou d’Asie en raison de différences culturelles ou socio-économiques.
Le modèle de la smart city mise tout sur la technologie plutôt que sur d’autres aspects importants de la vie urbaine comme l’inclusivité sociale, la durabilité environnementale et l’équité économique. Ce modèle de ville intelligente devient plus une fin en soi, plutôt qu’un moyen d’améliorer la qualité de vie urbaine et tous les problèmes ne se règlent pas à coup d’IA.
Le terme de smart city peut être employé à des fins de marketing urbain. Certaines villes pourraient s’autoproclamer « smart » pour attirer des investisseurs ou des talents sans vraiment mettre de solutions concrètes en application. Ce type de marketing crée donc un fossé entre la perception et la réalité. Cela peut éroder la confiance des habitants dans les initiatives d’investissement.
La Smart City : Transformer nos Villes pour un Avenir Meilleur ?
Plus de la moitié de la population mondiale vit désormais dans des zones urbaines, ce qui pose des défis majeurs en matière de gestion des ressources, de mobilité et de qualité de vie. Dans ce contexte, les Smart Cities émergent comme une réponse innovante pour améliorer la qualité de vie urbaine. Elles cherchent à atteindre cet objectif en mettant l’accent sur l’inclusivité, la durabilité, la résilience et l’efficacité tout en s’adaptant aux changements tels que l’essor du numérique, les budgets d’investissement en baisse, la recherche d’optimisation budgétaire et la construction durable.
Les technologies de pointe telles que l’Internet des objets (IoT), les réseaux 5G et l’intelligence artificielle (IA) jouent un rôle clé dans la transformation des villes en Smart Cities. Elles ont le potentiel d’améliorer la sécurité, l’efficacité et la durabilité des villes. Cependant, il existe deux approches distinctes dans le développement des Smart Cities.
D’une part, nous avons les Smart Cities techno-capitalistes, principalement dirigées par des acteurs privés et reposant sur une infrastructure numérique de grande envergure, comprenant des capteurs, de la fibre optique, la 5G et des centres de données. Cependant, cette approche présente des risques significatifs en termes de sécurité des données et d’accès équitable.
D’autre part, nous avons les Smart Cities d’intérêt général, qui mettent l’accent sur la participation citoyenne, la démocratie participative et la sobriété d’usage. Elles considèrent la ville comme un bien commun, cherchant à créer des environnements urbains plus équilibrés.
Les objets connectés dans les Smart Cities vont au-delà des gadgets du quotidien tels que les enceintes et les thermostats, incluant des capteurs invisibles qui mesurent la pression, le poids et même les particules fines.
La 5G joue un rôle essentiel dans ce contexte, grâce à la technologie de network slicing qui permet d’allouer des tranches de réseau à des usages spécifiques, y compris les capteurs et les objets connectés des Smart Cities.
Cela offre une meilleure protection des données, une fiabilité accrue et une gestion plus efficace des flux de données.
Les données générées par les villes intelligentes sont ensuite analysées par l’IA pour extraire des informations précieuses et prendre des décisions éclairées. Cependant, malgré leurs avantages, les Smart Cities présentent également des limites importantes.
Tout d’abord, elles sont souvent conçues par des promoteurs privés qui proposent des solutions universelles, ce qui peut ne pas correspondre aux besoins spécifiques de la population locale. De plus, les facteurs historiques, politiques et culturels de chaque ville ne sont pas toujours suffisamment pris en compte, ce qui peut entraîner une adoption insuffisante des technologies.
Deuxièmement, les Smart Cities ont tendance à se concentrer excessivement sur la technologie au détriment d’autres aspects importants de la vie urbaine tels que l’inclusion sociale, la durabilité environnementale et l’équité économique.
Troisièmement, l’appellation « Smart City » est parfois utilisée à des fins de marketing sans que des solutions concrètes ne soient réellement mises en œuvre. Cette utilisation abusive peut poser des risques tels que la fuite de données et la surveillance omniprésente, soulevant des inquiétudes légitimes en matière de droits de l’Homme et de libertés civiles.
Enfin, il est essentiel de noter que les Smart Cities supposent un accès égal à la technologie pour tous les citoyens, ce qui n’est pas toujours le cas.
Cela peut exacerber les inégalités sociales existantes.
De plus, les acteurs privés qui pilotent les Smart Cities ont tendance à chercher à maximiser leurs profits, ce qui peut entraîner une privatisation accrue de l’espace public et des services municipaux, ainsi qu’une dépendance excessive à l’égard des entreprises technologiques.
En outre, les investissements liés aux Smart Cities se concentrent souvent sur les quartiers centraux riches, laissant les quartiers périphériques ou défavorisés en marge de ces développements.
En somme, les Smart Cities représentent une vision ambitieuse pour l’avenir urbain, mais elles doivent relever des défis significatifs pour atteindre leurs objectifs tout en garantissant l’équité, la sécurité et la durabilité pour tous les citoyens.
Une approche équilibrée, axée sur l’intérêt général et la participation citoyenne, pourrait être la clé pour façonner des villes plus intelligentes et plus justes.
Les risques de la smart city
En plus des limites que nous venons de définir, la smart city comporte également un certain nombre de risques fondamentaux.
Les 4 principaux risques liés à la smart city :
- La protection de la vie privée et la sécurité des données
- Une fracture numérique accentuée
- La maximisation des profits
- Des inégalités territoriales
En raison de la quantité massive de données récoltées par des capteurs des smart cities, on peut imaginer un risque élevé de fuite ou de corruption des données en cas de cyberattaque. Le plus grand risque est également celui d’une surveillance omniprésente grâce à la collecte de données à grande échelle, ce qui soulève des préoccupations en matière de droits de l’Homme et des libertés civiles.
Les smart cities reposent sur l’hypothèse que tous les citoyens ont un égal accès à la technologie et sont capables de l’utiliser, or cela n’est pas toujours le cas. Les personnes âgées, évidemment, mais les personnes en situation précaire, et d’autres groupes marginalisés peuvent davantage subir l’apport de technologie plutôt qu’en bénéficier. Bien sûr, cela exacerbe les inégalités sociales existantes.
La plupart des acteurs qui pilotent les smart cities étant des entreprises privées, elles cherchent à maximiser leurs profits. Cela implique une certaine privatisation de l’espace et des services publics, mais peut également entraîner une grande dépendance à l’égard des entreprises de la tech. On peut également pointer du doigt la mise en œuvre et la maintenance de ces technologies utilisées par les villes intelligentes qui représentent un coût faramineux pour les finances des municipalités.
Les investissements liés aux villes intelligentes ne ciblent en réalité que quelques quartiers centraux, plutôt riches et négligent une partie des quartiers périphériques ou défavorisés. On pourrait également assister à l’émergence de grands centres urbains ultramodernes et de zones rurales abandonnées de tout investissement public.
Pour allé plus loin encore
- Angelidou, M. (2015). Smart cities: A conjuncture of four forces. Cities, 47, 95-106.
- Carvalho, L. (2015). Smart cities from scratch? A socio-technical perspective. Cambridge Journal of Regions, Economy and Society, 8(1), 43-60.
- Chignard, S. et Benyayer, L.-D. (2015). Datanomics, les nouveaux business modèles des données, Limoges, FYP, 160 pages.
- Goodspeed, R. (2015). Smart cities: moving beyond urban cybernetics to tackle wicked problems. Cambridge Journal of Regions, Economy and Society, 8(1), 79-92.
- Hollands, R. (2008). Will the real smart city please stand up? Intelligent, progressive or entrepreneurial? City, 12(3), 303-321.
- Jadoul, M. (2016). Smart practices for building smart cities. Elektrotechnik & Informationstechnik.
- March, H. et Ribera-Fumaz, R. (2016). Smart contradictions: The politics of making Barcelona a self-sufficient city. European Urban and Regional Studies, 23(4), 816-830.
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